Jour n°2
48°20 Sud, 180°00 Ouest

Le franchissement de la ligne de changement de date* aura mis longtemps.
Et il est finalement arrivé en un instant !

Le GPS est passé d’un seul coup de 179°59.999 Ouest à 180° Est (ou Ouest) – Et le long compte à rebours vers l’arrivée a commencé. C’était un moment irréel plein d’émotion. J’ai même fait un bond dans le passé. Un instant avant j’étais le dimanche 28 janvier, et juste après je suis revenu au samedi 27 !

Mais au fait j’étais QUAND vraiment ? Cela m’a emballé l’esprit, depuis la théorie de la relativité d’Albert Einstein à mon incapacité de comprendre le concept d’infini. Imaginez (tiens… Le Projet Imagine !…) un espace qui continue plus loin et toujours plus loin… L’éternité, l’espace et l’univers illimité. La « Quête du Graal » de l’humanité ne serait-ce pas de réussir à comprendre tout cela.

Je n’y arrive en tout cas certainement pas. Cela défie la logique… Il n’y a pas de logique à la logique… C’est au delà de l’imagination. Mais tenter d’imaginer ce que nous ne pouvons pas imaginer, n’est-ce-pas là le pouvoir d’abstraction de Dieu ? (si ce n’est pas le cas je suis sûr qu’il aurait beaucoup à nous dire sur cela).

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* La ligne de changement de date est une ligne imaginaire, à la surface de la Terre, qui zigzague autour du 180 méridien (est et ouest) dans l’océan Pacifique ; Son rôle est d’indiquer l’endroit où il est nécessaire de changer de date quand on la traverse.

Cette ligne peut être considérée comme étant située 12 heures en avance ou 12 heures en retard par rapport au méridien de Greenwich selon que l’on parcourt la Terre respectivement vers l’est ou vers l’ouest.

Ainsi, quelqu’un voyageant vers l’ouest et franchissant la ligne de changement de date doit ajouter un jour à la date qu’il s’attendrait à avoir s’il ne le faisait pas. D’une façon similaire, un voyageur vers l’est doit retrancher un jour. Ainsi, à l’instant précis où il est minuit sur la ligne de changement de date, toute la planète devrait être à la même date.

Crédit : Wikipédia.
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Quoi qu’il en soit, j’apprécie vraiment d’être sur ma route.

Le demi-tour de Nouvelle Zélande jusqu’à Auckland et retour au Sud était un voyage ambitieux de 2 000 milles. Et pourtant nous l’avons fait. C’était une aventure en elle-même. C’était important pour éprouver le bateau après son chantier de réparation, et les échanges que nous avons menés à cette occasion à Auckland entre « Atlantic Youth Trust » et « Spirit of Adventure » on était très fructueux. Sans oublier notre rencontre historique avec le premier Pub Irlandais néozélandais et la bénédiction traditionnelle Maori pleine de symboles et de spiritualité.

Dans notre projet commun de terminer « non-officiellement » notre Vendée Globe, je me sens honoré d’être à la fois l’ambassadeur du Souffle du Nord et de Kilcullen Team Ireland. C’est aussi une grande responsabilité. Quand j’envisage l’immensité de l’Océan Pacifique, tout comme le temps et la relativité, c’en est presque irréel, mais ça l’est pourtant bien.

Maintenant je ne peux plus compter à bord que sur moi.

La première nuit, le vent est monté jusqu’à 30 nœuds… C’était une entrée en matière un peu rude. Plus j’y pense et plus je suis anxieux de ce qui se trouve devant moi. Déjà je ressens les effets de ma route au Sud-Est, le froid commence déjà à se faire sentir de plus en plus.

Faire 400 milles en un seul jour est plutôt un bon commencement n’est-ce pas ?

Ah, non, j’oublie qu’en fait ça n’était pas vraiment 2 jours, mais un seul ! (cf franchissement de la ligne de date !). En fait j’ai fait à peu près 240 milles sur les premières 24h.

Nous sommes passés juste entre les Îles Bounty au Nord et les Îles Antipodes au Sud. Les premières ressemblent à rien de plus qu’un amas de rochers, les secondes, d’origine volcanique, paraissent un peu plus intéressantes. L’archipel est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Son point culminant est le mont Galloway à 366 m.

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L’archipel des îles des Antipodes fut découvert en 1800 par le capitaine Henry Waterhouse, le capitaine du navire britannique HMS Reliance. En 1803, le beau-frère de Waterhouse, George Bass, obtient du gouverneur de la Nouvelle-Galles du Sud, Philip Gidley King, un monopole pour la pêche dans une zone comprenant les îles Antipodes, probablement parce qu’il sait que cette région contient une importante population d’otaries à fourrure. Bass part de Sydney vers le sud en 1803 et n’est jamais revu. C’est peu après sa disparition que commence l’exploitation intensive des otaries à fourrure de l’archipel.

L’île abrite à une époque une population de 80 personnes engagées dans le commerce de la fourrure. Une bataille oppose alors les Américains aux Britanniques pour l’exploitation des ressources de l’île. Les marchands importants de Sydney comme Simeon Lord, Henry Kable et James Underwood sont engagés dans ce commerce tout comme les Américains Daniel Whitney et Owen Floger Smith.

Après 1807, la chasse aux otaries devient occasionnelle et les chargements de peaux sont moins importants du fait de la quasi-extermination de la colonie d’otaries des îles.

Plus tard, une tentative pour implanter du bétail sur l’île échoue. En 1893, le navire Spirit of the Dawn sombre au large des côtes de l’archipel. Les 11 membres d’équipages survivants (sur 18) restent près de trois mois sur l’île. Ils vivent alors comme des naufragés et se nourrissent de puffins crus, de moules et de racines durant 87 jours. Ils finissent par attirer l’attention du navire à vapeur Hinemoa grâce à un drapeau fabriqué à partir de leur voile.

Crédit : Wikipédia.
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Et maintenant, laissant les Antipodes derrière moi, j’avance dans la nuit du samedi (j’ai laissé dimanche quelques milles derrière moi), alors que j’enregistre des rafales à 30 nœuds, j’emprunte les mots de Sean O’Casey qui se questionnait ainsi à propos de l’univers :

An’ as it blowed an’ blowed
I often look up into the the sky
An’ asked myself the question.
What IS the Stars. What IS the Stars

Souvent, lorsque soufflent Vents et Tempêtes
Seul, en levant les yeux au ciel, je m’interroge…
Mais que sont les étoiles ?
Quelle est mon étoile ?

NB : traduction libre et poétique de l’équipe du Souffle du Nord !